Sais-tu que le corps garde en mémoire toute sorte de choses ? Tissé dans ta chaire, des fragments de ta vie, des émotions, des joies et des peines. Parfois même des grandes peines.
Sais tu que les émotions, et surtout, les émotions fortes (qu’elles soient bonnes ou mauvaises) sont un des meilleurs moyens de se rappeler des choses. Les gens qui exercent leur mémoire et s’entraînent à se rappeler des trucs le savent bien.
Du coup, parfois, quand tu as une émotion forte, tu emmagasines dans ton corps instantanément un moment de ta vie sans le vouloir. Un peu comme une photo sensorielle.
Ta tête va oublier (peut-être) mais ton corps lui va s’en rappeler.
Tu penseras (peut-être) tout cela derrière toi, enfoui dans les méandres de ton cerveaux mais il suffira parfois d’un stimulis, d’une odeur pour que tout revienne intact. Tout. Comme si c’était hier. Comme si c’était maintenant.
C’est ce que l’on appelle la mémoire traumatique.
Le plus fascinant (si on peut dire) c’est que lorsque cela arrive ton cerveau et ton corps ne sont pas capable de savoir si ce qu’ils ressentent est arrivé il y a 10 ans ou est en train de se passer maintenant.
Comme une boucle sensorielle, un peu comme dans les film où l’héroïne revit la même journée tout le temps. Sauf que l’issue est toujours la même.
Tous les signaux sont dans le rouge lors des flashbacks de la même manière que lorsque que le trauma c’est produit.
C’est un phénomène qui a été observé et étudié notamment lors d’IRM sur les vétérans de guerre.
Lorsque ces flashbacks (réminiscences) sont répétés ou limitant, on parle de syndrome de stress post-traumatique ou même de syndrome de stress post-traumatique complexe (lorsque l’objet du trauma a été répété).
Si tu te demandes encore pourquoi je suis en train de te raconter tout ça, laisse moi finir.
Sans avoir forcément expérimenté un SSPT, on a tous pu ressentir ces sensations à un moment de nos vies. C’est par exemple le cas du stress de base et des pensées entêtantes.
Exemple : Il y a eu un événement stressant au boulot. C’est le soir et je n’arrête pas d’y penser. Mon corps est tendu comme si j’étais toujours en train de vivre l’événement désagréable qui c’est produit quelques heures plus tôt alors que je suis chez moi en sécurité.
Du coup on peut vraiment se rendre compte à quel point la frontière entre le corps et l’esprit est perméable voir inexistante à mon humble avis.
Si on revient à la la situation que nous vivons en ce moment, ce confinement inédit, cette restriction de nos droits et de nos libertés, cette inquiétude de tomber malade, cette privation de nos proches… Cette situation a de fortes chances de laisser quelques traces dans nos corps et dans nos têtes (c’est redondant en fait).
Comprendre les mécanismes traumatiques peut permettre de mieux appréhender son vécu et surtout de repérer les signes précoces d’une dépression (tristesse, perte d’intérêt…) qui fait souvent suite à un trauma. C’est d’utilité publique.
C’est aussi l’occasion de mettre en lumière le fait que les maladies du mental sont de vraies maladies, au même titre que les maladies du corps et ne se soignent pas juste avec de la volonté.
Ce post est déjà bien trop long, je te parle demain de quelques outils qui peuvent aider.